Jérôme Levesque, né le 8 juin 1919, à Plessé (44), décédé le 2 novembre 2017, à Saint-Léger-les-Vignes (44), et Germaine O'Delant, née le 28 juillet 1922, à Paris 8e, décédée à Nantes le 16 novembre 2015, mariés à L'Hôme-Chamondot (61), le 30 septembre 1943 d'où 4 enfants : Véronique (1944), Jean-Patrick (1945), Henri-Bruno (1948) et Marie-Christelle (1953). |
Jérôme Levesque, général et historien, est le fédérateur " Les Levesque de la fin du du XVIIe siècle à nos jours " Voir ci-dessous : |
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Eloge funèbre du Général Jérôme LEVESQUE
Mesdames et Messieurs, délégué de la Saint-Cyrienne dans l'Orne et membre de la Société des membres de la Légion d'Honneur, c'est à ce double titre que j'ai l'honneur de retracer aujourd'hui, devant vous, le parcours militaire exceptionnel du Général Jérôme Levesque. Jérôme Levesque a tout juste 20 ans lorsqu'il est reçu au Concours de Saint-Cyr. Il intègre le 1 er octobre 1939 l'École spéciale militaire au sein de la promotion « amitié franco-britannique ». C'est la dernière promotion instruite dans les murs de Saint-Cyr, le « Vieux Bahut », près de Versailles. Les élèves sont nommés sous-lieutenants après six mois d'instruction intensive, et cette promotion « de guerre » quitte Saint-Cyr le 20 mars 1940, peu de temps avant l'offensive allemande du 10 mai, l'école est reformée à Aix en Provence . A l'école de Saumur il effectue son application Cavalerie, et à Tarbes il se spécialise sur automitrailleuse. A l'issue de cette formation, après un passage à Rambouillet, il est affecté au 11 ème Régiment de Cuirassiers à Lyon, mais le régiment est expulsé par les troupes allemandes en 1942, lors de l'occupation de la zone libre . Démobilisé le 26 novembre 1942, il regagne le domaine familial du château de Miserai à L'Hôme-Chamondot avec l'espoir de rejoindre la résistance locale. Il sera exaucé en mars 1943, le lieutenant Levesque est contacté par ses amis Robert et Marinette de Longcamp qui demeurent au château de la Grande Noe et appartiennent tous les deux au Bureau des Opérations Aériennes. Ils sont chargés de réceptionner un parachutage d'armes sur le secteur et ils ont besoin de son assistance. Un terrain propice est alors choisi à L'Hôme-Chamondot baptisé « Garde ». Avec le concours de Pierre Orgeval, Jérôme Levesque sous le nom de code « Victor » constitue un groupe de résistants à L'Hôme-Chamondot et Moulicent. Après le parachutage, le lieutenant Levesque récupère les armes pour l'instruction de ses hommes et constitue des caches en prévision d'actions futures. Pensant arrêter Jérôme Levesque, la Gestapo , emmène à sa place son cousin Claude Levesque, qui sera relâché une quinzaine de jours plus tard. Le père de Jérôme, Judicaël Levesque est lui aussi arrêté avant d'être libéré trois jours après. Le lieutenant Levesque quitte l'Orne et va se réfugier en Bretagne, berceau de sa famille. Il revient auprès de ses hommes début juillet et prend contact avec Maurice Clavel, alias Sinclair, commandant des FFI d'Eure-et-Loir et sa secrétaire Sylvia Montfort. Par leur intermédiaire, il obtient deux parachutages d'armes sur le terrain « Garde » un premier le 10 juillet 1944 puis un deuxième le 31 juillet. Dans la citation qui accompagne l'attribution de la « King's Medal for courage in the cause of Freedom » le lieutenant Kirschen évoque cette collaboration et les risques pris par le jeune officier Français je le cite : C'est pendant qu'il remplissait une de ces missions qu'il fût arrêté par les Allemands et condamné à mort ; c'est seulement grâce à son sang-froid qu'il parvient à s'échapper. Il refuse de donner à l'ennemi toute information qui aurait pu mettre en danger les missions S.A.S. » Dans la nuit du 8 au 9 août, ils réceptionnent un renfort de quinze parachutistes sur le terrain « toffee » aux Menus. Dans une citation à l'ordre de la brigade en date du 14 août 1945 le Général De Gaulle, Président du Gouvernement provisoire de la République, écrira : « Jeune officier d'active ayant rallié les Forces Françaises Combattantes le 1 er septembre 1943 au réseau B.O.A. (Ouest). Dès lors et jusqu'au 1 er janvier 1944 a effectué de nombreuses liaisons et organisé un groupe avec lequel il prit part aux parachutages sur les terrains de « Garde ». Malgré les interventions ennemies n'a jamais ralenti son activité, organisant et participant à plusieurs actions de sabotage et de combats. Dans toutes les circonstances a toujours fait preuve des plus belles qualités de commandement, de sang-froid et de courage. » Le 15 août, les Américains libèrent le secteur. Jérôme Levesque conduit des patrouilles de nuit en direction de La Ferté-Vidame et de Verneuil-sur-Avre en procédant à des opérations de déminage en vue de favoriser l'avance des troupes américaines. Le 20 août, il rejoint les éléments de la 2 ème DB du général Leclerc. A leurs côtés, il participe aux combats de Rambouillet, sur le plateau de Saclay, et entre dans Paris par le pont de Sèvres. Peu de temps après, le lieutenant Levesque rejoint à nouveau la 2 ème DB. En 1946, il est promu Capitaine et, est affecté au 6 ème Régiment de Chasseurs d'Afrique à Saint- Wendel, pour commander le 2 ème Escadron. En 1948, il rejoint l'Ecole de Cavalerie à Saumur pour encadrer les formations d'EOR, puis de sous-lieutenant. En 1952, il est affecté à l'Inspection de l'ABC et suit le Cours de l'Ecole d'Etat-major. En 1953, il est volontaire pour servir en Extrême-Orient et, est nommé à Vientiane au Laos, il obtient une nouvelle citation à l'ordre de la division en date du 12 août 1954 signée par le colonel commandant les forces terrestres du Laos, qui résume son action : « Chef du 3 ème bureau du Secteur du Haut-Mékong, par son activité intelligente a contribué au succès des opérations menées dans le nord Laos de novembre 1953 à mai 1954. A réalisé de nombreuses liaisons avec les unités et les postes menacés. S'est distingué particulièrement dans l'organisation du camp retranché de Luang-Prabang au cours de la poussée Viet-Minh de février 1954 » En 1956, à son retour d'Indochine, le Chef d'Escadrons Levesque est affecté à l'Etat-major de l'Inspection ABC. En 1958, il part en Algérie à l'Etat-major du secteur de Bouira comme chef du 5 ème Bureau, puis au 7 ème Hussard comme adjoint opérationnel, et rejoint ensuite le 19 ème Régiment de Chasseurs à Cheval en Grande Kabylie pour commander le quartier des Ksars, commandement dans lequel il a parfaitement réussi autant dans le domaine militaire que dans celui de la pacification des populations. Ainsi qu'en témoigne cette citation à l'ordre du corps d'armée : « Commandant de quartier particulièrement dynamique et habile qui du 1 er novembre 1959 au 1 er novembre 1960, a pris une part active à 80 opérations de secteur, de quartier ou de détail, obtenant la mise hors de combat de plus d'une centaine de rebelles et récupérant 97 armes. Constamment sur la brèche, parcourant la montagne de jour et de nuit, plaçant lui-même ses embuscades, a su galvaniser par son exemple ses cadres et ses troupes. A par ailleurs, fait largement progresser la pacification dans son quartier des Ksars ; obtenant la confiance des populations et en plusieurs points leur engagement actif dans la lutte contre la rébellion. » En 1960, rentré en France avec le grade de Lieutenant-colonel, il sert à l'Etat-major de Paris de la 1 ère Région Militaire, Section Réserves. En 1964, il est nommé Chef de Corps du 7 ème Régiment de Chasseurs à Arras, il réorganise le régiment tout juste rentré d'Algérie et lui redonne une forte cohésion morale. De 1966, à 1971 il occupe différents postes dans les états-majors parisiens et est nommé Général de brigade à la fin de sa carrière. Le Général Levesque était titulaire des décorations suivantes : Commandeur de la Légion d'honneur, commandeur de l'ordre national du Mérite, croix de guerre 1939-1945, croix de guerre des Territoires Opérationnels Extérieur, Croix de la Valeur militaire, Médaille de la Résistance, King's medal of Courage. Il totalise 5 citations : une pour faits de Résistance, une avec la Croix de Guerre 39-45, une en Indochine et deux en Algérie C'est au nom de toutes les associations ici présentent, Amicales des anciens du 7 ème Régiment de Chasseurs à Cheval, Anciens Combattants de L'Hôme-Chamondot et Longny au Perche, Combattants Volontaires de la Résistance, Association du Souvenir du 2 ème Bataillon de Marche de Normandie, Association des Anciens de la 2 ème DB, Association Nationale des Anciens d'Indochine, Souvenir Français Association des membres de l'ordre National du Mérite et société des membres de la Légion d'Honneur que je représente, que je vous adresse ce dernier et fraternel hommage. Après la lecture de ces états de services élogieux, je dis à votre nombreuse et belle famille, aujourd'hui réunie autour de vous, qu'elle peut être fière de vous, vous avez servi votre pays avec courage fidélité et générosité. L'Orne perd, en vous, son dernier chef de la « Résistance combattante ».Au revoir mon Général. |
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![]() Le Général Jérôme Levesque, élevé au titre de Commandeur de la Légion d'Honneur, en 2015, à 96 ans |
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Discours au nom des petits-enfants (lu par plusieurs d'entre eux). Cher Papi, Nous voici tous rassemblés autour de vous et nous souhaitons, petits-enfants, arrière-petits-enfants et petits neveux, nous remémorer et partager, avec tous, les heureux moments vécus auprès de vous. Papi, longtemps vous nous avez semblé indéracinable, chêne parmi les chênes que vous aimiez tant, pilier avec Mino de toute notre grande famille, ami fidèle de vos camarades de résistance, vaillant officier au service de la France, serviteur de la communauté des habitants de Saint-Léger-Les Vignes comme 1er adjoint au Maire, ... une vraie figure de l'engagement pour les jeunes générations. Un engagement marqué par le souci de la responsabilité au service de la vérité, la liberté et de l'équité. Vous teniez à ce que l'on le rappelle en ce jour. Vous aimiez ainsi transmettre, prendre le temps d'expliquer et de nous initier à la complexité du monde, écouter et partager avec chacun d'entre nous nos propres expériences. D'une curiosité insatiable, nos discussions à table se prolongeaient indéfiniment, l'actualité politique étant un de vos sujets favoris, ... après les anecdotes de chasse et de chevaux, les dernières virées dans les bois de Miserai, les énigmes mathématiques et les charades ! Nous nous rappelons tous votre empressement à nous raconter des épisodes parfois rocambolesques de votre enfance au sein de la grande fratrie Levesque ou comme résistant dans les forêts du Perche, ... anecdotes dont vous vous régaliez tellement à l'avance de la chute finale, qu'un fou rire subit vous coupait dans votre élan de conteur et nous privait de la fin de l'histoire ! Hiver comme été, vêtu d'une impressionnante couche de pull superposés tricotés maison, de cols rebelles amoureusement remis en place par Mino, d'un tour de cou écossais et de votre inséparable casquette, vous étiez prêt à l'aventure ... au bout du jardin de la Pierre ou dans les bois de Miserai comme jadis dans le lointain Orient, les poches pleines de trésors : ficelles, « bout d'écrit », couteau, chiffon, sécateur ... au cas où ... ! En LN, en Visa, en BX, en R20, la balade se faisait alors leçon de choses : arrêt tous les 3 mètres, pour voir si les pommes ont bien mûri, les canards sont bien nourris, la haie est bien taillée, les salades poussent, les laricios grandissent, les lièvres passent, les mauvaises herbes reculent ou ... pour scruter d'invisibles mais prometteuses pistes de chasse ... ! D'ailleurs dès que la saison de chasse s'annonçait dans le Perche, les préparatifs commençaient : fagots, cageots de pommes et de légumes, bottes et vestes de rechange, cornettes et fusils, emplissaient la voiture jusqu'à ras-bord, sans oublier la couverture chauffante et le chien sur les genoux de Mino, agacée par l'agitation mais amoureusement consentante à cette fébrilité de son chasseur de mari année après année ! Les virées dans les bois de Miserai vous voyaient tantôt à l'affût de la vie animale de la futaie, tantôt accaparé par la vie des arbres, nourrissant de grands espoirs pour une belle forêt durable traversant les siècles. Travailleur infatigable, vous nous avez transmis l'amour du travail fait et ... vraiment bien fait ! ... c'est-à-dire qui suppose toute une série de gestes préparatoires scruupuleusement et longuuuement pesés et un art de la vérification a posteriori poussé parfois à la limite du pointillisme ! Certains d'entre nous ont d'ailleurs hérité de ce don absolument indispensable du Général ! Ainsi, pour faire un bon feu, petits-enfants, il vous faut maitriser l'art de ramasser les fagots dans les vignes, l'art de les assembler, l'art de couper la ficelle bleue en portions strictement égales, et enfin l'art de les disposer dans la cheminée COMME IL FAUT ... et pas autrement ! Doté d’une prodigieuse mémoire des faits historiques, des dates, et même des poèmes appris dans votre jeunesse, nous en apprenions tous les jours avec vous. Lecteur averti et écrivain à vos heures, les bouquins étaient une passion jamais assouvie. Fasciné par le monde politique et ses plus hauts représentants, nous avons tous en mémoire les étagères croulant sous le dernier livre politique, au grand dam de Mino, fortement concurrencé toutefois, il faut le reconnaitre, par les revues de vénerie et de gestion forestière. Nombre d’entre nous se souviennent aussi de vos talents de rédacteur en chef du livre Levesque, ... qui nous mettait à contribution dès notre arrivée à la Pierre ! « Juste un petit paragraphe, une petite ligne de rien du tout » tentiez-vous avec un large sourire d’encouragement !... résultat : après 5 années d’un travail acharné et d’une persévérance qui force l’admiration, après 5 années passées à taper, retaper et re-retaper des passages entiers peaufinés au fil des jours par Papi et les cousins proches et lointains, après 5 années donc ... l’œuvre parut ! Et quelle œuvre ! Ces dernières années, le grand âge vous a forcé, à votre corps défendant mais bien fatigué, à ralentir progressivement le rythme. Bien malheureux du départ de Mino, mais tout abandonné et confiant dans les bons soins de Papa et Nathalie, vous étiez ravi dès qu’une chère tête blonde ou brune pointait le bout de son nez et venait se ressourcer auprès de votre présence si aimante. Nous partagions alors quelques moments de belle affection qui se concluaient toujours par un joyeux « Bye bye mes chéris » ! Bye bye Papi, une page se tourne, vous allez retrouver votre chère Mino. Mais nous sommes riches de vous et sommes désireux d’entretenir cette flamme que vous avez allumée dans nos cœurs. |
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